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Comprendre les violences intrafamiliales

Les différences entre violences et conflits

« Le privé est politique » : une affirmation des féministes de première heure mettant en avant l’importance de considérer ce qui se passe au sein des foyers comme un vecteur de la lutte pour l’égalité des sexes : répartition des tâches, charge mentale, mais également situation de violences. Le couple, tel qu’il est aujourd’hui construit par la société est un lieu où s’exprime des rapports de pouvoir et de domination. Si la définition du couple comporte une part de privé, l’expression de violences en son sein est une question qui concerne les pouvoirs publics comme la société.

Pour évoquer les violences conjugales, il convient en premier lieu de les définir afin de savoir les repérer. Les violences s’exprimant au sein du couple sont souvent assimilées par l’entourage à des situations de conflit et, de ce fait, niées et minimisées.

Dans une situation de conflits entre deux individus, chacun va exprimer son désaccord sur une question donnée. En fonction des caractères de chaque personne et du sujet de la discorde, un compromis peut être envisagé, prenant en compte une partie des velléités de chacun.e.

Si un compromis est impossible, les deux individus vont conserver leur opinion, mais le conflit s’apaise, une séparation peut être une des solutions proposées.

Dans le cadre de violences conjugales, face à un désaccord, l’un va essayer d’imposer son opinion à l’autre, sans considération pour la personne qui se trouve en face. Si dans un conflit chacun essaie de convaincre l’autre à l’aide d’argumentations pouvant développer des formes d’agressivités (cris et propos dénigrants), en situation de violence, l’intention est de prendre l’ascendant sur l’autre et imposer son point de vue, par différentes manières : dénigrements permanents, négation de l’opinion et des émotions de l’autre, chantage affectif, menaces, coups…

Dans une situation de conflit, aucun des deux individus ne craint d’exprimer son opinion, la peur de l’autre se développe dans le cadre de violences conjugales.

Vidéo : Les différences entre violences et conflits La mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF)

Outil d’auto évaluation des relations conjugales

Le centre Hubertine Auclert, centre Francilien pour l’égalité femmes-hommes, a mis au point un outil d’auto évaluation des relations conjugales simple et efficace.

Violentomètre, outil d'auto-diagnostique des violences

Image : Le violentomètre, outil d’auto évaluation de la relation conjugale. Centre Hubertine Auclert

Violentomètre, outil d'auto-diagnostique des violences

Image : Bannière associée au Violentomètre, outil d’auto évaluation de la relation conjugale. Rappel du consentement et ressources associées. Centre Hubertine Auclert. 

Le cycle de la violence au sein du couple

L’évolution du droit français dans le traitement et la considération des violences conjugales est constante depuis les années 2000. Toute violence exercée par une personne étant ou ayant été en relation ou en concubinage, mariée ou pacsée est une circonstance aggravante dans le code pénal, les peines encourues sont plus importantes.

Caractère cyclique des violences  conjugales

La particularité des violences conjugales, qui font du traitement judiciaire et de son accompagnement des compétences spécifiques, est son caractère cyclique. Dans ce cadre, on peut expliquer simplement et permettre de repérer des violences au sein du couple par le schéma ci contre, où le texte en jaune représente les émotions et ressentis de la victime, tandis que le texte bleue concerne les comportements et actions de l’auteur.

Le cycle des violences se répète dans un temps d’action toujours plus court entre les périodes de répit et les passages à l’acte violent. Il renforce l’emprise de l’auteur des violences et la perte de confiance en soi et l’isolement de la victime. Plus il s’inscrit dans le temps plus il est difficile de s’en extraire.

Pour briser ce cycle, une aide extérieure est primordiale, par des professionnel.le.s formé.e.s.

La MIPROF a élaboré une mallette pédagogique à l’attention des professionnel.le.s qui se compose de plusieurs kits de formation comprenant chacun, un court-métrage et un livret d’accompagnement :

https://arretonslesviolences.gouv.fr/je-suis-professionnel/outils-violences-au-sein-du-couple (lien externe)

Les 4 phases de la violence au sein du couple

Phase 1 : La montée de la violence

Du côté de l’auteur.e

Tensions initiées par la personne violente à travers divers signaux (silence lourd, regard menaçant, irritation, augmentation des conflits, impatience de plus en plus présente, mise en avant des erreurs…).

Du côté de la victime

Tentatives d’apaiser le climat de tension, de faire diminuer la pression. Elle doute d’elle-même et de ses capacités, elle craint de contrarier son.sa partenaire.

Phase 2 : L’explosion de la violence

Du côté de l’auteur.e

Passage à l’acte en usant de comportements violents (verbaux, physiques, psychologiques, économiques, sexuels…) avec ou sans aide d’objets afin de libérer la tension qu’il.elle ressent.

Du côté de la victime

Sentiments de peur, de honte, d’humiliation, d’injustice, de tristesse, de désespoir… Elle est désemparée.

Phase 3 : La période de rémission

Du côté de l’auteur.e

Discours visant à se déresponsabiliser. Il.elle se justifie de diverses manières (minimisation, renvoi vers l’extérieur – « Tu n’avais pas à… », « C’est toi qui m’as poussé.e à bout », « Je suis trop sensible »…)

Du côté de la victime

Elle doute de ses propres perceptions et accepte les justifications de l’auteur.e. Elle se remet elle-même en question, se sentant responsable de la violence subie. Elle croit que si elle change de comportement, la violence cessera. Elle peut aussi vouloir aider l’auteur.e à changer.

Phase 4 : La lune de miel

Du côté de l’auteur.e

Il.elle se calme et exprime ses regrets. Il.elle fait des promesses et des cadeaux visant à se réconcilier avec la victime, ou bien il.elle tente de la culpabiliser en menaçant de se faire du mal (« Je vais aller voir un psy », « C’est la dernière fois » « Je vais me suicider si tu pars »…). Souvent, le contexte de rencontre du couple sera évoqué afin d’appuyer le lien privilégié existant entre les deux partenaires.

Du côté de la victime

Le calme retrouvé l’apaise, elle espère un changement ou que les choses redeviennent comme avant, donc elle donne une chance (supplémentaire) au.à la partenaire. Elle peut aussi le.la soutenir, ou bien changer ses propres habitudes pour répondre à ses attentes[note 2].

Les enfants et les violences intrafamiliales

Selon les statistiques du 3919, en 2020, 8 femmes victimes de violences conjugales sur 10 ont des enfants[note 2]. De nombreuses études[note 3] ont apporté des éléments sur les conséquences des violences conjugales sur les enfants. Les conséquences sur la victime, notamment le climat de peur et d’angoisse permanent sont des éléments que les enfants, même lorsqu’ils ne sont pas directement victimes des actes, vivent au quotidien et contre lesquels ils développent des techniques d’évitement ou de défense qui ont des répercussions sur leur développement : état de stress post traumatique, troubles du sommeil, alimentaires, somatiques, psychomoteurs, énurésie, encoprésie, régression, violences, …[note 4]

Ce que dit la loi

Sur le plan de la législation pénale, sauf si l’enfant est lui-même ou elle-même directement ciblé·e par les violences, il ou elle ne peut être considéré·e comme victime des violences commises dans le couple. C’est-à-dire qu’il ou elle n’est pas victime, au sens pénal, de l’infraction commise sur sa mère. Ainsi, le préjudice et les traumatismes subis ne peuvent pas donner lieu à réparation sous forme de dommages et intérêts.[note 5]

La loi n° 2018-703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes prévoit une circonstance aggravante des différentes formes de violences conjugales quand « un[·e] mineur[·e] assiste aux faits et que ceux-ci sont commis par le conjoint ou le concubin de la victime ou le partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité ou, si la victime est mineure, par un ascendant légitime, naturel ou adoptif ou par toute autre personne ayant autorité sur le [ou la] mineur[e] victime »(Article 13).

Pour une meilleure reconnaissance de la place des enfants dans les violences intrafamiliales

La législation française avance en la matière, mais la reconnaissance de la place des enfants et l’impact des violences conjugales est encore peu répandue.

C’est pourquoi l’Observatoire de l’Hérault insiste sur l’utilisation du vocable « intrafamiliale » pour caractériser cette forme de violence et a estimé l’un des axes de recherche 2023 spécifiquement sur l’enfant victime[note 6]. L’enjeu de la prise le plus en amont possible de cette considération dans la mise en œuvre des politiques publiques est double : la réduction des impacts sur le développement psycho affectif de l’enfant et la construction de rapports sociaux plus égalitaires.

Notes et références de cette page :

2 Lettre n°10 ONPE « L’enfant victime de violences conjugales : une progressive reconnaissance » à mettre dans les ressources
3 Séverac, Nadège. « Chapitre 1. Les enfants exposés aux violences conjugales : une catégorie prise en compte par l’action publique ? », Karen Sadlier éd., L’enfant face à la violence dans le couple. Dunod, 2021, pp. 7-34.
4 Panneau 4 de l’exposition présentant spécifiquement les violences faites aux enfants
5 Rapport du centre Hubertine Auclert « Mieux protéger et accompagner les enfants co-victimes des violences conjugales », mis à jour en octobre 2021
6 Travaux d’atelier n°1 du 25.11.2022